Et le temps s’est arrêté
Nous voici au seuil du mois d’Août.
Toutes les autres années (depuis notre naissance) nous goûtions à un repos largement mérité, à une coupure où distractions et insouciances allaient bon train. Enfin, les vacances 😊 !!! Vacances d’une tension professionnelle ou personnelle, abandon des tensions de souhaits irréalisables ou de stratégies à mettre en œuvre.
Plus rien, on allait pouvoir se reposer. Se reposer aussi de l’appartement trop petit et sans air, retrouver la nature, les sorties, les odeurs…
Et Godzilla le vilain covid 19 est arrivé.
Sans prévenir, tout à coup, le monde s’est arrêté.
Mais quel monde ? Le monde où on a peur de ne pas gagner assez, de ne pas en faire suffisamment pour assurer sa place au soleil, sa place dans les réseaux, ce monde où pour être soi, il faut déjà avoir assez. Ce monde où il faut sans cesse conquérir une place et où tout est sans cesse à refaire. Ce monde où on ne se sent pas de place, pas de vocation, où l’amour qu’on reçoit est trop faible et la reconnaissance absente… Ce monde qu’on chérissait tant (au fait, pourquoi ?) s’est arrêté.
Ce monde où la détente rime avec l’achat, quoiqu’on achète : des sandales, des livres, des ambiances magiques dans des restaurants, de la convivialité, des souvenirs chers à notre cœur qu’on va poster sur instagram… Ce monde s’est arrêté.
Et la société s’est coupée en deux.
- Ceux qui veulent le retour de la prison, avec les geôliers, le team building, les pauses sympa, les profits qui font cling cling et qui permettent de payer les écoles très chères, les voitures très chères, les vêtements très chers (bref mettez n’importe quoi avec « très cher » et ça marche vous avez compris)…
Tout cela pourquoi ? Pour être aimé, pour être quelqu’un de respectable, pour pouvoir arrêter de travailler.
- Ceux qui ont décidé que ça suffisait. Un éclair de lucidité et ils se sont dit que le pouvoir des banques, la course à la réussite qui permettra de vivre une vie invivable ça suffisait vraiment.
Et le covid se remet à galoper, sans départager les adversaires…
Ceux qui veulent que tout continue, ceux qui veulent que tout change.
Mais en attendant, celui qui gagne, c’est le temps.
Car le temps passe, et il ne se passe plus rien. On ne peut plus se détendre comme avant, on ne peut plus oublier, ni la peur, ni la contrainte, ni les soucis économiques, ni le temps qui nous prend la tête à force de réfléchir…
L’ego aime les projets. Mais là, vous pouvez bien en imaginer, c’est un jeu de billard à tellement d’inconnues qu’il y a de fortes chances que rien ne se passe.
Alors, vous pouvez décider de sortir du temps. Ne rien prévoir de spécial, faire ce que vous avez à faire, tranquillement, comme votre mamie, sans terme, dans un parfait esprit de répétition. Plus aucune hâte inutile puisqu’il ne se passe rien…
Au fond, si l’enjeu de cette période était tout simplement de nous montrer que le temps n’est pas cette course effrénée à la to do list qui dégage des bénéfices, mais juste vivre, si inutilement qu’on en a parfois honte… mais il va falloir en faire une fierté, parce que vivre, ça n’a rien à voir avec la performance.
Merci pour cet article qui exprime ce que je pense .. puis oublie.. pourquoi ? Parce que la pression sociale est trop lourde
Comment montrer à ses enfants notre réussite autrement que par le matériel?
Bien à vous
Cathy
Mère AMMA , septembre 1977 « quel bénéfice y a t il de faire connaître à ceux qui ne manifestent aucun intérêt à connaître ? Il y en a déjà beaucoup qui viennent . Ce n’est que le commencement, un commencement sans fin. «