Végétarisme.s?
A l’époque où je suis devenue végétarienne, il y a 30 ans de cela, les adultes m’ont menacée…
On m’a prédit que j’allais avoir des carences formidables, que j’allais tomber malade, que je ne tiendrai pas huit jours, que j’étais entrée dans une secte et pour finir, un bon ménage dans mes relations s’est opéré : sur le mode : ou tu manges ma tomate farcie, ou tu ne reviens plus chez moi…
Au revoir…
De famille non végétarienne, de famille absolument inconsciente du moindre enjeu diététique, il aurait pu sembler que ma motivation serait faible ou éphémère, mais l’absurdité de ces menaces m’est apparue immédiatement, à cause de l’Inde. Personne ne mange de viande en Inde et personne ne meurt, me disais-je. L’argument massue à mon époque (reculée) était que les Indiens ne « sont pas comme nous »…
Mais, moi, j’ai préféré être comme les Indiens et pas comme les Occidentaux qui ne me frappaient pas, déjà à 15 ans, par leur maturité débordante.
A mon époque, le végétarisme était un choix extrême, extrêmement corrosif et très mal perçu, aujourd’hui, on s’excuse de manger de la viande et le plus souvent, si c’est encore le cas, on ajoute qu’on en mange très peu.
Une vision des dizaines de kilomètres de rang où sont parquées des vaches, devenues usine à viande, la visite des abattoirs de poule, la fréquentation du site L214, tout cela calme l’envie de manger des vivants qui ne nous ont rien fait.
Manger de la viande décuple le vieillissement, favorise les maladies, détruit l’écosystème, suscite la mort de vivants que nous portons sur la conscience, tout cela est avéré malgré les campagnes de com pro viande assez pathétiques qui sont lancées par les media et subventionnées par le gouvernement ou des lobbyings agro-alimentaires.
Notre société est devenue folle, comme la vache du même nom, elle a trop grandi, d’une façon irraisonnée et maintenant nous en payons les conséquences.
Être vegan ou crudivoriste est sans doute un excès, mais l’excès appelle l’excès, et je comprends qu’on ait envie de lutter pour un monde différent à travers l’alimentation.
Derrière ce que nous mangeons, plus encore que par tout autre acte de la vie, il y a une affirmation de nos croyances, de nos positionnements, nous militons en allant ou pas au supermarché, en mangeant bio ou pas, en faisant pousser nos salades.
Nous militons parce que nous sommes des petits bouts de la nature et que tout est lié.
La manière dont nous nous nourrissons va déterminer les enjeux de nos vies, et les déséquilibres liés à l’alimentation peuvent nous suivre notre vie durant. Il faut comprendre qu’être végétarien, bio ou vegan ne relève pas du régime alimentaire, mais de l’affirmation philosophique de nos valeurs. Qu’est-ce que nous décidons d’incarner par notre vie ? Que défendons-nous ? Le végétarisme est un monde de non violence, c’est le même que celui dont Gandhi voulait voir l’avènement, c’est aussi un monde où les animaux et les hommes vivent en paix au lieu d’être ennemis…
Notre société, déliée de ses racines, devient folle et ne pourra revenir en arrière, à des valeurs traditionnelles françaises, il va falloir aller de l’avant et réfléchir à un mode de vie qui parte de la réalité des ressources disponibles. Malheureusement, nous n’avons plus le temps… En ce sens, être végétarien n’est plus une option mais une mesure d’urgence dans notre monde…