Pourquoi il faut se défaire du mental
Tout le monde a entendu parler du petit vélo qu’on a dans la tête et qui passe son temps à faire des délicieux commentaires sur ce qu’on est en train de vivre, cette petite musique qui tournicote en nous aidant à nous remémorer ce qu’on a déjà fait, réussi ou raté à peu près mille fois et nous aide à tout mettre en œuvre pour le rater/réussir exactement de la même manière…
L’idée est que le mental est une sorte de sillon qui se trace dans notre tête et qu’ensuite on suit comme s’il y avait une rampe invisible et rassurante qui nous serve de préambule à l’existence !
La question du mental (ou de Mercure en astrologie) est bien celle-là, se rassurer en s’assurant que l’expérience qu’on est en train de faire va pouvoir se rapporter à une autre qu’on a déjà faite, qui ressemble au passé et qui pourra renforcer l’ego dans ses certitudes.
Mercure cherche en effet à refaire, à répéter encore et encore ce qui a déjà été vécu. Un peu comme si Mercure nous disait : ce qui a été vécu une fois est LA règle, LA loi et rien ne changera plus jamais. C’est la « Vérité ». Car oui, nous sommes à la recherche d’une construction immuable à laquelle se raccrocher, comme si on cherchait, en toutes situations, quelque chose qui puisse nous guider de manière absolue. Une sorte de pattern.
Malheureusement, ceci est faux, et même archi faux. Et rien ne se passe comme prévu.
Non seulement Mercure n’est pas un bon guide, non plus que nos expériences passées (pour aborder l’avenir qui en est forcément différent), mais en plus dès que ça s’en écarte, Mercure cherche désespérément à refaire coller à la norme qu’il a instaurée, la nouvelle expérience. En gros, vous voyez un mur rouge avec des pois bleus, vous pensez qu’il devrait être jaune, vous allez mettre en œuvre une énergie mentale démente pour ramener la couleur réellement vue à ce que vous pensiez devoir voir. Ainsi, au lieu de vous confronter à la situation, vous vous confrontez au fossé entre ce que vous attendiez et ce qui se passe véritablement.
Dans un premier temps, Mercure va nier la situation, ou mettre tout en œuvre pour la changer (au lieu du mur pensez à l’attitude d’Armand que vous aimez tendrement et qui aujourd’hui est infect, vous allez vous dire qu’il doit bien y avoir quelque chose à faire pour qu’il redevienne charmant) et s’il y parvient, après avoir utilisé une énergie mentale de bœuf, il ne verra pas que la situation créée à la force de la volonté sera de fait différente que celle qu’il s’attendait à trouver avec un Armand exquis.
Si Mercure ne réussit pas à ramener la situation à sa norme, il va y repenser, mentaliser, chercher des explications infinies, ceci dans le seul but de ramener la situation précédente qui est sa norme invisible.
Et Mercure pense pense pense, par-dessus la réalité au lieu de constater ce qui est, sans histoires surimposées, sans commentaires mentaux d’aucune sorte.
De ce fait, quand il s’agit d’affronter une situation, Mercure est bien démuni, il feuillette le catalogue de ses impressions passées et essaie de rendre homogène le passé et le présent, ce qui n’arrive jamais véritablement, alors la plupart du temps, il recouvre une expérience par une autre. Qu’elle soit mauvaise (Armand est toujours odieux) ou excellente (Armand est l’homme de ma vie), cette expérience devient vraie de manière simpliste au profit de la réalité.
Et la réalité n’est jamais rencontrée, parce qu’elle est toujours évincée au profit du mental qui prend toute la place. Or le mental est bavard, il prend sur lui de réinventer constamment la réalité, d’expliquer comment elle aurait pu être mieux (c’est-à-dire conforme à l’expérience attendue) ou de la critiquer (parce qu’on pense que la négativité nous donne de la force, du surplomb et de la sagesse…)
Et la vie se passe à raconter une histoire que nous ne vivrons jamais et plus le temps passe, plus le poids de nos histoires pèse lourd, et nous rend incapable d’une vision de la réalité et donc également, plus essentiel encore, incapable d’une confrontation à la situation existante. Car le mental nous en empêche pour nous ramener sans cesse à ce qu’il aurait voulu qui soit.
Sans mental on peut accepter et on peut agir… mais autrement, nous sommes pris au piège.
Alors, en astrologie, on nous apprend que Mercure est hyper doué pour résoudre un problème concret, réel : trouver la panne du frigidaire, lire attentivement un livre pour trouver les occurrences de w, lire un mode d’emploi de machine à laver, résoudre un plan comptable, apprendre un volume de droit constitutionnel… En fait, Mercure est bon pour l’acquisition des connaissances mais pas doué dans le fait de penser à la vie, à ce qui change et à ce qui se transforme.
En vérité, son ennemi est la transformation qu’il veut sans cesse stopper…
Alors, ne lui permettons pas d’agir ainsi…
Quel courage de s’attaquer à une telle planète !..