Réflexions d’une astrologue sur le revenu universel
Imaginez… Nous sommes dans une société différente.
La plupart des produits de première nécessité ne sont pas à vendre, et l’échange de services s’est généralisé. Vous avez besoin d’une voiture ? Vous voulez partir en week-end ? Il y a toujours quelqu’un pour vous accueillir et vous, en échange, vous donnez un coup de main pour refaire la toiture de la maison ou laver la voiture à la main.
Imaginez, dans ce monde sans argent, vous n’avez pas de compte à rendre à l’Etat… Vous n’avez pas envie de scolariser vos enfants parce que vous ne croyez pas au système, vous ne souhaitez pas bénéficier des services publiques, vous n’êtes pas d’accord pour soutenir l’association de la fanfare des anciens combattants, vous refusez le système de santé classique parce que vous êtes vegan convaincu. Eh bien, vous ne paierez que ce que vous utilisez réellement…
Imaginez ! En plus, vous recevez chaque mois de l’argent, pas beaucoup, mais juste ce qu’il faut pour acheter le surplus qui vous permette de vous différencier. Encore que si vous êtes débrouillard, vous pouvez échanger les plats de votre traiteur libanais contre le fait de lui livrer, pour une une soirée, sa production aux adresses indiquées…
Tout serait bon plan, entente de gré à gré, liens qui se nouent autour de l’intérêt commun de ne plus dépendre que du réseau que vous constituez vous-même… Vous choisirez tout. Mais évidemment, si vous ne faites rien, si vous ne construisez aucun lien, vous n’aurez pas non plus une vie avec beaucoup de possibilités.
En-dehors du revenu minimum universel, toute une part de notre société est en train d’évoluer vers ce modèle où l’argent devient presque la solution de facilité alors que le partage et surtout l’échange sont les données clefs de notre monde.
Mais quelle mentalité ça va nous faire, à nous humains ? Bien loin d’ouvrir notre cœur, nous aurons tendance à regarder les autres comme des personnes ressources, des potentiels.
Fanny est douée en maths, en jardinage et Hector a de gros muscles. Je les veux dans mon réseau car je déménage souvent, mes mômes sont nuls en maths et je déteste jardiner. Je trouverai quoi échanger. Je développerai mes compétences, mais les liens iront de soi, tout simplement pour une question de survie et non pas une question d’affinité. Dans ce monde futur où tout le monde dépendra de tout le monde, la notion de communauté prendra toute son ampleur.
Mais le cœur peut se fermer complètement. On ne fera plus rien par gentillesse ou gratuité, mais par échange, ou par calcul prémédité de l’intérêt à venir. On peut imaginer qu’il y aura un site vantant nos qualités et notre coopération avec une note sur dix…
Est-ce vraiment une utopie ?
Nous sommes notés sur ebay, nous notons tout ce que nous consommons, tous les lieux où nous allons… Nous disons si oui ou non ça vaut la peine, nous détruisons des réputations et nous refusons de plus en plus au nom de la liberté individuelle les choses que nous ne pouvons noter.
Notre boss…
L’école de nos enfants…
Le trafic des trains…
Nous refusons la dépendance unique, nous voulons choisir, trier, discuter et évaluer. Dans ce règne où tout s’évalue et se quantifie, nous apprenons le clavier de notre liberté individuelle.
La valeur devient temporaire et évasive, elle passe son temps à changer, et chacun croit fermement en la sienne, mais nous tenons faire sur cette liberté d’être tout ce qu’on veut et de faire à notre manière…