Une société malade de l’urgence

Longtemps, personne ne possédait le Ciel ni les mers… Et puis un jour, on s’est mis à pouvoir acheter des planètes.

Nous ne parlons pas d’une allégorie du Petit Prince, mais de casse têtes juridiques qui se posent avec la pêche au thon et le survol des territoires d’un pays.

Bientôt, nous ne pourrons plus lever les yeux et contempler le Ciel pour se régénérer et se ressourcer dans un calme abyssal… Des centaines de drones obscurciront le Ciel. Sans doute transporteront-ils des paquets Amazon, des produits sanguins urgents, des animaux de compagnie qu’on devra amener d’un endroit à un autre par voie express… ou nos enfants pour éviter les embouteillages. Sans doute, de temps à autre, un drone s’écrasera au sol, à la clameur et à la frayeur générale. Mais rien ne changera… Et le Ciel deviendra noir.

L’être humain fait partie des cycles naturels. Il se refait au contact de la nature, du pouvoir absorbant de l’océan et des montagnes… Si ce contact est perdu parce que trop d’objets prennent de place dans nos vies, nous ne saurons plus qui nous sommes.

« L’être » doit redevenir notre préoccupation centrale : quelle vie voulons-nous vivre ? De quoi avons-nous le plus besoin ?

Ce sont des questions qui ne sont pas actuelles, mais qui le deviendront dans quelques années.

Notre société tombe malade de l’urgence.

Nous avons tout et nous sommes si mal. Si nous n’avons rien à faire de précis, c’est le mental fou qui prend la place dans nos têtes et nous perturbe. Si nous avons quelques chose à faire, nous avons alors toujours trop à faire, et c’est le planning, par définition intenable qui nous dirige.

Quand nous essayons de poser des limites arbitraires, ça ne fonctionne pas vraiment.

On se dit qu’on va travailler moins, mais la peur du lendemain ou l’envie de gagner sa place redevient la plus forte, on peut limiter nos besoins, mais on limite aussi alors notre envergure.

La seule solution réelle consiste à se remettre au centre de soi et de savoir ce dont on a réellement besoin.

Pour le savoir, il va falloir prendre le temps de se remettre à l’écoute de soi, et donc perdre du temps pour savoir ce qu’on veut véritablement…

En attendant que le ballet des drones nous assombrisse le Ciel, nous pouvons commencer de développer notre horizon intérieur.

Leave a Comment

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.