Le but et le chemin
« Tu as droit à l’action, mais seulement à l’action, et jamais à ses fruits. Que les fruits de tes actions ne soient point ton mobile, et pourtant ne permets en toi aucun attachement à l’inaction »
Arjuna, la Bhagavad Gita, II, 2
Ces vers de la Bhagavad Gita sont très connus et représentent en même temps l’impression d’être une énigme incompréhensible ! Il est bien évident pour chacun d’entre nous que lorsqu’on agit, c’est bel et bien parce qu’on poursuit un but et pas simplement pour le plaisir de remuer de l’air. Et pourtant…
Qui n’a jamais poursuivi un but en se disant à un certain moment qu’il fallait cesser de se fixer sur le but pour penser à ce qui était à faire là maintenant, ici et tout de suite et non pas ce qui nous motivait en premier lieu ?
Qui n’a jamais poursuivi un but, puis lâché son but, se disant qu’il n’avait aucune chance de l’atteindre, mais a continué ses efforts parce que d’autres étaient impliqués, peut-être même parce que son destin était encastré dans les efforts qu’il devait mener?
Bien sûr qu’on commence par agir pour soi-même et en ayant une idée claire de ce que nous allons réaliser. Puis, advient la vie réelle, dans laquelle souvent les objectifs de long ou de moyen terme se dissolvent pour laisser place à la nécessité de se concentrer sur le pas d’après. Au fond, Arjuna ne parle de rien d’autre.
Quelquefois, le but change avec le chemin parce qu’on se rend compte qu’on ne voulait pas vraiment ce qu’on croyait souhaiter, mais autrement, et on reprécise au fur et à mesure…
Je pense cependant qu’Arjuna nous pointe quelque chose d’essentiel qui relève de la loi d’attraction.
Si on parvient à ne plus penser au but, à ne plus quitter le maintenant pour se projeter dans le futur ou revenir sur ce qui nous a motivé, on a toutes les chances d’être totalement présent à ce qu’on fait et de le faire advenir. On cherchera comme l’archer zen la perfection du geste, qui, elle seule, permet d’atteindre le centre de la cible…