Qu’est-ce que méditer?

Si vous allez mal, le premier conseil qu’on vous donne est de vous poser, de vous mettre à l’écoute de ce qui vous entoure, de ce que vous ressentez. Puis vient le conseil  de vous concentrer sur votre souffle ou bien sur le monde environnant… Mais est-ce que tout cela marche vraiment ?

La méditation est un recentrage sur soi, une capacité à limiter les afflux du monde externe pour essayer de recréer une cohérence interne avec les éléments qu’on a déjà rassemblés. Ainsi, la méditation est une sorte  de sas où on est protégé du monde extérieur et des évènements. Il n’arrive plus rien, il ne se passe plus rien, on peut donc regarder face à face ce qui nous soucie vraiment, ce qui blesse, ce qui nous affecte et nous fait du chagrin.

Ce face à face pourrait être angoissant, mais il permet en réalité de récupérer notre force intérieure, notre identité profonde en repartant de nous-mêmes, et de ce fait, de refaire le compte de nos ressources. Sachant de quoi on dispose, inconsciemment, en ayant refait notre structure, nous pouvons de nouveau affronter la mer déchainée des stimulations permanentes.

Alors, oui, la méditation permet de se calmer, de s’apaiser parce qu’elle crée un espace de récupération artificiel où on peut essayer de remettre en ordre nos priorités. Mais attention, il ne s’agit pas de penser à quoi que ce soit, mais justement d’arrêter de penser.

Imaginez que vous êtes un immeuble qui comporterait des fissures de toutes parts, des portes qui claquent, des intrusions… Vous refaites le tour du propriétaire, en fermant les issues , en remettant de l’ordre, en enlevant ce qui ne vous convient plus ou ce qui ne vous sert pas.

Ce « tour du propriétaire » se fait très simplement en méditation, il suffit de ré-énergiser notre identité. Nous ne pensons à rien, nous ne faisons aucun plan, nous ne résolvons rien, nous nous contentons de remettre de la cohérence en repartant de soi, en ne laissant plus aucune pensée, plus aucun mouvement et ultimement, plus aucune émotion nous fragiliser.

L’émotion se nourrit de mental. Plus nous nourrissons de mental nos émotions (en nous racontant combien nous sommes malheureux, en imaginant qu’hier ressemblera à demain, en insistant pour revivre le moment où nous avons souffert…), plus l’émotion s’intensifie. Et ensuite, la décharge de réaction va s’avérer obligatoire car pour sortir de l’émotion, nous allons devoir agir, prouver que nous avons eu raison, dire quelque chose ou redresser la barre.

La méditation est l’inverse. La méditation suggère de laisser la situation se résoudre d’elle-même, ou d’accepter qu’elle se défasse.

Accepter de voir la personne que nous sommes en train de devenir, qui ne sera pas celle d’hier peut susciter un réel rejet : nous perdons nos habitudes, nous perdons nos certitudes et nous essayons parfois désespérément de recréer hier dans demain.

La méditation nous apprend à accepter le nouveau, à nous défaire de l’ancien. Bien loin d’être une forme de retrait passif de l’existence, elle demande au contraire un certain courage : celui de faire face à nos peurs.

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