Comment savoir qu’on aime quelqu’un?

Par Nitya :

Cette question peut paraître absurde. Nous sommes souvent confrontés à l’évidence d’aimer.

A l’évidence que quelqu’un compte pour nous parce qu’il a un impact sur notre existence supérieur à celui d’autre. Roland Barthes a décrit justement un processus de « cristallisation » qui est le moment où on sent qu’on va pouvoir être amoureux mais où rien ne s’est encore arrêté sur une personne précise. On a envie d’aimer, envie de sentir, de partager.

Un bouddhiste vous dirait : envie de souffrir, envie de donner à quelqu’un le pouvoir d’être le sens de notre vie au lieu d’essayer de le construire nous-mêmes.

Dans ce processus où l’envie volète au dessus de nous comme un oiseau qui ne s’est pas posé, on sent une exaltation, c’est le moment propice à une rencontre. C’est la Lune noire qui nous met dans cet état d’attente fébrile et douce où on se sent terriblement romantique sans être encore véritablement embarqué dans une histoire qui sera la nôtre.

Un proverbe bouddhiste dit : vous avez mangé un os de poulet qui rend amoureux, la prochaine personne que vous croiserez sera votre élu. Et effectivement, quand la lune noire rentre en jeu, nous sommes tellement prêts que quiconque correspondant à notre schéma intérieur d’attente, se présentant, aura une chance de devenir celui/celle qu’on aime.

Qu’est-ce que ce schéma dont on est porteur ?

En réalité, on n’aime qu’un même type de personnalité, toujours les mêmes, toujours se ressemblant, un petit peu comme si on cherchait à retrouver la personne dont on a gardé inconsciemment l’image dans notre mémoire antérieure. Nous partons à la recherche sans tenir à la main cette photo modèle, mais nos ressentis, nos certitudes, nos répétitions savent pour nous exactement ce que nous cherchons.

Nous portons notre histoire, est-ce un homme qui sera rassurant et bon, une femme rousse aux yeux verts, un métier qui nous semblera apporter son mystère, un type de liberté qu’on recherche chez l’autre, croyant en manquer nous-mêmes ou encore une origine d’un pays ou d’un autre ? Nos certitudes et nos attentes tissent notre personnalité. Nous ne pouvons y échapper.

Ces certitudes se racontent dans le thème là où sont placés notre vénus et notre mars. Nous voulons des qualités, un mode de vie, une esthétique. Mais nous sommes en réalité sensibles à très peu de paramètres. Nous sommes porteurs de cette image idéale que nous devons arriver à remettre à la conscience.

Aimer quelqu’un, c’est faire une place entière à cette attente, trouver exactement la personne dont nous savons qu’elle va correspondre à ce schéma interne qui est le nôtre. Ensuite, il faut accepter le jeu de la lune noire qui nous plonge dans le fantasme le plus total de croire que quelqu’un peut être LA réponse à notre vie.

Mais pour aimer quelqu’un, il faudra sortir de cette étape aussi et voir si la vie que nous menons et celle que la personne qu’on aime mène à sa manière sont convergentes ou au contraire, ne le sont en rien. Ici intervient la dimension de notre vie actuelle, alors que la première étape parle de qui nous étions. Devenir avec l’autre est toujours possible, mais ça suppose ce nouveau challenge qui est d’accepter qu’en réalité sous la forme de notre désir ancien, c’est quelqu’un de radicalement neuf et sans précédent qui vient d’entrer dans notre vie.

Aimer véritablement, c’est parvenir à amener notre fantasme au crible du réel en modelant une vie à l’aide d’une autre sans forcément de hiérarchie ou de préférence, mais parvenir à une circulation et à un enrichissement mutuel.

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